Afrique-Le continent serait en bonne voie de maîtriser la pandémie de COVID-19 cette année. C’est ce qu’a déclaré Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, présentant l’état des lieux de la riposte à la Covid-19 sur le continent.
C’était lors d’une conférence de presse en ligne le 10 février 2022 à Brazzaville.
Le premier cas de COVID-19 est signalé en Afrique le 14 février 2020. Près de deux ans après, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que si la tendance actuelle se poursuit, le continent sera en mesure de maîtriser la pandémie en 2022. Mais pour y parvenir, l’agence onusienne a averti que la vigilance doit être maintenue.
Au cours des deux dernières années, le continent a connu quatre vagues de COVID-19. Ces vagues ont été principalement provoquées par de nouveaux variants du SARS-CoV-2, qui étaient hautement transmissibles mais pas nécessairement plus mortels que lors des vagues précédentes.
« Ces deux dernières années, le continent africain est devenu plus intelligent, plus rapide et plus efficace à riposter à chaque nouvelle recrudescence des cas de COVID-19 », a déclaré Dre Matshidiso Moeti.
Malgré les obstacles, notamment les importantes inégalités dans l’accès à la vaccination, l’Afrique a résisté avec résilience et abnégation à la tempête de la COVID-19, en s’appuyant sur la longue expérience de l’Afrique en matière de lutte contre les flambées épidémiques.
« Mais la COVID-19 nous a coûté cher, avec la perte de plus de 240 000 vies et des dégâts considérables infligés à nos économies », a-telle déploré.
D’après la Banque mondiale, la pandémie de COVID-19 a poussé jusqu’à 40 millions de personnes dans l’extrême pauvreté sur le continent, et l’on estime que chaque report d’un mois de la levée des mesures de confinement coûterait à l’Afrique une perte de 13,8 milliards de dollars.
Renforcement des capacités de soin et d’accueil
Depuis le début de la pandémie, la capacité du continent à prendre en charge les cas de COVID-19 s’est progressivement améliorée, avec une disponibilité accrue de travailleurs de santé formés, d’oxygène et d’autres fournitures médicales. Le nombre de lits en unités de soins intensifs a augmenté sur tout le continent, passant de huit lits pour un million de personnes en 2020 à 20 lits pour un million de personnes aujourd’hui.
L’OMS a aussi apporté sa contribution à l’augmentation du nombre d’usines de production d’oxygène en Afrique, le faisant passer de 68 à 115 (soit une hausse de 60 %), en soutenant la réparation, l’entretien et l’achat de nouvelles usines de production d’oxygène.
Plus de laboratoires
L’OMS a augmenté le nombre de laboratoires capables de détecter la COVID-19, le faisant passer de deux à plus de 900 aujourd’hui, et l’Organisation intensifie les efforts de séquençage génétique en Afrique par l’intermédiaire de plusieurs initiatives telles que la création du Centre régional d’excellence pour la surveillance génomique et la bio-informatique en Afrique du Sud, en collaboration avec l’Institut national sud-africain de bio-informatique (SANBI) basé à l’Université du Cap-Occidental.
Vaccination et dépistage
La vaccination est l’arme la plus puissante contre l’apparition de nouveaux variants. À ce jour, près de 672 millions de doses de vaccins anti-COVID-19 ont été reçues en Afrique, dont 65 % par le canal du mécanisme COVAX, 29 % par des accords bilatéraux et 6 % par l’intermédiaire du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins créé par l’Union africaine.
En janvier 2022, un total de 96 millions de doses de vaccins ont été expédiées vers l’Afrique, soit plus du double du nombre de doses de vaccins livrées au continent il y a six mois. Depuis janvier, le mécanisme COVAX n’expédie les vaccins aux pays qu’à leur demande.
« Même si l’Afrique accuse du retard en matière de vaccination, avec seulement 11 % de sa population adulte entièrement vaccinée, nous disposons désormais d’un approvisionnement régulier en doses de vaccins anti-COVID-19 », a déclaré Dre Moeti.
Quant au dépistage, il s’avère essentiel pour endiguer la propagation de la COVID-19, et depuis le début de la pandémie, 95 millions de tests ont été effectués sur le continent. Le dépistage s’est progressivement amélioré, avec 21 pays sur les 47 de la Région africaine qui remplissent désormais le critère de référence recommandé par l’OMS, à savoir effectuer 10 tests de dépistage pour 10 000 personnes chaque semaine.
L’année dernière, seulement 15 pays en étaient capables. Dans la mesure où la transmission de la COVID-19 en Afrique est essentiellement le fait de personnes asymptomatiques, il est important d’accroître le nombre de tests de dépistage et des actions de riposte au sein des communautés.
L’OMS pilote une initiative dans 15 pays, consistant à mener des tests antigéniques rapides mobiles dans les communautés et à leur fournir des masques, du gel hydro-alcoolique pour les mains et d’autres outils de lutte anti-infectieuse. Le recours aux tests de diagnostic antigénique rapide est en augmentation.
Selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) qui relève de l’Union africaine, plus de 11 millions de cas confirmés de COVID-19 sont enregistrés sur le continent.
Le nombre des décès aurait atteint 247.270 cas, alors 10.284.290 patients seraient guéris. En termes de nombre de cas, l’Afrique australe est la région la plus touchée par la pandémie, suivie de l’Afrique du nord, l’Afrique de l’est et l’Afrique centrale, indique CDC Afrique.
« Bien que la COVID-19 est là pour durer, nous commençons à apercevoir le bout du tunnel. Cette année, nous pouvons mettre fin aux perturbations et à la destruction que le virus a laissées dans son sillage et reprendre le contrôle de nos vies », a rassuré la Dre Moeti.